Avis de tempête sur les budgets des collectivités locales
La crise du crédit risque de s’étendre aux collectivités locales. Selon une étude de l’agence de notation financière Fitch, près d’un quart des 105 milliards d’euros empruntés par les villes, départements ou régions, l’ont été dans le cadre de prêts complexes dont certains risquent de connaitre une très forte hausse de leurs taux. Les taux variables, toujours très avantageux à court terme, sont bien plus dangereux sur le long terme. Plusieurs villes françaises ont contracté des emprunts importants dont le taux est indexé, l’un sur le cours de la couronne suédoise, l’autre sur le taux interbancaire de Varsovie…ou sur les parités de change du dollar ou du yen… Le montant global des remboursements devient ainsi pour beaucoup de villes totalement imprévisible.
On est en droit de s’étonner du manque de rigueur qui a entouré le contrôle de la mise en oeuvre de produits financiers toujours plus complexes et fragiles. Cette crise économique tombe d’ailleurs très mal pour les collectivités, car sur les 20 milliards d’euros qu’elles ont prévues d’emprunter en 2008, la moitié ne semble pas encore levée et les banques font la sourde oreille ou risque de proposer des conditions très dures.
Les élus sont en alerte: Martin Malvy, président de l’association des petites villes de France (APVF) demande au gouvernement des mesures permettant d’assurer les besoins de financement en fin d’année des collectivités locales; faute de quoi beaucoup d’élus seront contraints de présenter des comptes en déséquilibre et pourraient être confrontés à de sérieuses difficultés de paiement. A l’exemple de la ville de Saint-Etienne dont le nouveau maire Maurice Vincent gère une situation financière inextricable avec 60% des emprunts constitués de swaps spéculatifs! On peut facilement imaginer que des mesures d’assouplissements seront prises mais comme le souligne le président Malvy “il ne faut pas sous-estimer la gravité de la situation”.